La France d’en bas ou des bas fonds ?

By Philippe On 5 décembre 2010 · Leave a Comment

Villemolle 81 et African Gangster en DVD

Deux films crus et d’un cru bien français, qui ne laissent pas de marbre.
Le premier, réalisé par l’auteur de BD Winschluss, nous emmène dans une France rurale profonde et rock’n’roll, quand Jean-Pascal Zadi nous plonge au fond d’une cité du neuf-trois, vous l’aurez deviné, plutôt hip-hop. Leurs points communs ? Pas grand-chose, si ce n’est le caractère indé de ces deux productions. Des films qui se passent du soutien du CNC, qui privilégient l’artisanat au sens noble du terme, original et ingénieux, et qui laissent la part belle à la créativité avec une grande liberté de ton.

villemolle (81)
Le film de Winschluss est un véritable OVNI du cinéma. Il reste dans la veine saignante de l’auteur de Welcome to the Death Club, Pinocchio, Ferraille, toujours un tantinet cynique et empreint d’humour bien noir. La Bande Annonce nous prévient : Dans le Tarn… personne ne vous entendra… crier ! À travers le journaliste Marc Chambaz présentateur vedette de « Charmant Village de France », nous partons à la découverte du village de Villemolle : sa gastronomie (sangria et saucisses de hamsters), son usine de saucisses, sa déchetterie, son centre d’enfouissements de déchets radioactifs à proximité du potager bio municipal. Des personnages aussi loufoques les uns que les autres, du maire à la communauté de Zoltar en passant par une police municipale musclée ! Le film bascule lorsque une météorite s’écrase à proximité du village. En effet, elle transforme en zombie tous ceux qui s’en approchent !

Villemolle (81) régalera le spectateur de cascades, d’action, de scènes de mutilations artisanales, d’explosions atomiques tout en proposant une réflexion sur la place du zombie dans la société française d’aujourd’hui…

Même si l’on se régale de cet humour un peu Groland, le film a tendance à rester un peu trop sur le mode « film de potes »… Là ou l’auteur de BD nous emmène loin dans son univers, le réalisateur est moins convaincant sur le remake du film d’un zombie qui se veut à la croisée de Rohmer et de Romero.

African Gangster
Jean-Pascal Zadi raconte l’ascension d’Ousmane Badara (ALPHA 5.20), qui débarque fraîchement du Sénégal pour travailler et aider sa famille restée au bled. Hébergé par son cousin Yaya Doumbia (Doudou Masta), il commence comme plongeur au noir et finit dans le syndicat du crime parisien.
Fortement Influencé par les films de gansters américains, initiés par Leone , De Palma puis repris au Japon par Kitano ou en France par Audiard, African Gangster exalte lui aussi l’escalade violente d’un nouveau venu dans une communauté d’immigrés. Un Parrain noir qui nous questionne sur l’état de nos banlieues ou comment l’État s’y est désengagé (répression policière, exclusion sociale…). Quelques petites perles sémantiques : « Tu me pisses dessus et tu veux me faire croire qu’il pleut ? » ou bien encore « C’est pas des p’tits pédés qui ont eu du Nutella au petit déjeuner toute leur vie qui vont me mettre la pression… ». A noter aussi l’excellente bande-son signée par Alpha 5.20, avec 400 Hyennes, Mafia K1fri…