Passionnés de cinéma et de pratique vidéo, ils partagent depuis 2002 avec le plus grand nombre, leur ferveur pour l’image. Cinéma ambulant, éducation à l’image, ateliers de pratiques, reportages ou captations, l’équipe dynamique et créative sait mettre ses compétences au service des initiatives les plus éclectiques.

Immersion pour une journée slam…après-midi slam avec des 4è accompagnés de leurs profs (chouette les profs !) et quelques adultes travailleurs sociaux-culturels, soirée slam à la cave…

Accueillie dans le Hall par Captain Alexandre lui-même ! Un slameur d’origine camerounaise du Collectif On a slamé sur la Lune… Tout un programme !!!

Il sera rejoint par Manalone (« Man alone »…enfin Albert de son prénom) qui prendra le relais avec Birom (c’est le prénom par lequel il préfère qu’on l’appelle quand il n’est pas sur scène où il se dénomme Ceptik, du collectif Vendredi slam de Dakar) réalisateur du documentaire « Malick Sy, quand le vide ne suffit plus », qui souligne le paradoxe d’une école vide et gratuite au Sénégal où le taux d’analphabètes supplante les 60% et où les classes sont surchargées dans tant d’écoles. Il nous a projeté une version courte du film. 

Alors c’est quoi le slam ? « poème rythmé…mots spontanés ou écrits en rythme et en rimes…poèmes moins cucu la praline que la poésie…forme d’expression qui dénonce la réalité…poème clamé sous toutes ses formes, un lieu d’expression, un peu militant…style pour faire connaître la poésie par un autre moyen, un espace éclaté… » Tout le monde y va de sa petite définition en attendant les élèves du collège.

Plutôt « une Indiscipline artistique » dira Captain A. « Un lieu de toutes les expériences poétiques. Une façon de prendre la parole pour être au monde, pour exister. Un espace de liberté totale, un peu du théâtre, un peu de la musique, un peu du mime, un genre à la frontière de toutes les expressions… une écriture sur 30 pages si on veut, why not ?! Le Rap, c’est différent, on a une structure, un couplet, un refrain… Dans le slam, toutes les sensibilités sont les bienvenues, entre légèreté et ‘lourdeur’.

Il est devenu à la mode le slam, on le retrouve au collège, dans les institutions où les slameurs sont de plus en plus invités. C’est avant tout un moment d’humanité qui a une dimension d’urgence au quotidien parfois. Son ancêtre incarné par le Griot le sait bien qu’il s’agit d’un moment d’humanité partagée. Il vient de loin le slam, des villages africains, de l’Agora grecque avec les philosophes, des Salons littéraires français du XVIIème au XIXème siècle, des joutes verbales de tous types de par le monde. Il remet les mots au goût du jour et a envie de les partager ces mots qu’on a à l’intérieur.

Pour la Grande histoire, il nous vient tout droit de Chicago. Un certain monsieur Marc Kelly Smith (Chicago, 1950 – poète américain – créateur du slam) passionné de poésie organise des tournois (slam poetry) avec des personnes qui déclamaient. Puis il y a eu contamination, comme un virus le slam s’est propagé ! Très fédérateur, « spoken word » (in english !)

Ecrire est une chose, dire en est une autre, c’est offrir, s’offrir. » Et Capitaine Alexandre se retire sur la pointe des pieds après un petit slam déclamé…

« Je veux juste être un trait d’union », lâche Albert, « noir sur blanc ». Et Albert y va de son « Brothers and sisters ! » Et le public de devoir répondre « Yeah ! »

Et Ceptik qui n’est pas en reste : « Je veux un S comme ? » « Slam !» doit-on s’époumoner !

Ils ont besoin de l’énergie de la salle, de cette communion qui permet de se sentir porté pour déclamer. Ils l’avouent, toujours ce petit pincement au coeur quand on vient sur scène, seul, presque à nu pour dire ses mots.

« Je veux mettre un angle droit au L qui fait le mot Liberté » et un « Slamaleikum » de Ceptik clôturera la présentation en mots dits et en slam scandé et ouvrira le bal aux slameurs du jour, que nous sommes !

10 mots pour dire la solidarité sommes-nous interpellés ! Pour qu’on écrive à une ou plusieurs mains – le choix nous revient – un texte à dire. Une écriture totalement libre nous est offerte, un cadre mais pas une barrière, tant qu’on respecte l’Autre et qu’on l’écoute, tout est permis.

Un poète haïtien (Haïti, origine d’Albert) disait : « j’écris pour donner des nouvelles de moi-même ». Le slam est avant tout un art oral, derrière l’écriture se cache l’oralité. Ce n’est pas tant un exercice de style que la force que l’on met derrière les mots, c’est ça l’important. Sincérité, humanité, un « rapport simple et sain avec ce que vous avez envie de dire. Des mots, des émotions dits naturellement, simplement, en contact avec le réel.

Solidarité en 10 mots venant de l’assistance entre adultes et ados : Entraide – Enfance – Main – Espoir – Fraternité – Humanité – Union – Solidarité – Dignité – Cassé – Lien – Résilience.

Choix nous est donné d’écrire seul ou en binôme ou en trio, dans les gradins ou sur scène à la table collective. Chacun se mettra à son aise. Puis ceux qui le souhaitent sont venus slamer leur texte.

Belle palette de mots, de sons, de rimes, de sens, d’émotions. Certains timides auront écrit sans dire. D’autres, comme cette jeune fille, slameuse de son état, qui avait dit un slam en début de séance, sont à l’aise sur scène. Un trio prof et deux jeunes filles, un trio de garçons, un duo de filles, des solos, chacun chaussure à son pied. Des québécoises sont parmi nous, les seules à pouvoir écrire « supposément » dans une phrase, pour le plaisir de nos oreilles. Un bien bel après-midi de novembre.

Philippe, fondateur des Funambulants et créateur du Festival « Ecollywood », homme à la caméra, aura filmé tous ces instants partagés hors du temps. Qu’en fera-t-il ? Suspens…

Avec son complice Maxime et toute son équipe, ils nous diront deux mots sur leurs intentions po-éthiques d’avoir rassemblé les « On a slamé sur la Lune » et Ceptik, qui avaient déjà sévi ensemble à Lille et

à Dakar, pour nous offrir une après-midi de « slam citoyen , atelier ouvert à tous pour penser, rêver, écrire autour des rapports Sud / Nord, des inégalités, l’accès à l’éducation, l’humanité, dans les rapports humains », histoire de regarder le monde avec une autre lorgnette. Chouette !

Et le soir nous nous régalerons tous avec le concert en direct de la Lune aux teintes sénégalaises…

Merci au Biplan pour son accueil chaleureux !

Retrouver l’article en ligne sur le site de “la semaine” :  Article_Journée Biplan_Lille_HA_19nov2012

 

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